Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/198

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peuple ne comptait guère, les chefs seuls attiraient l’attention. Dupleix ne se gênait nullement, le cas échéant, pour les traiter de drôles et de coquins ; il affectionnait surtout ce dernier terme qui revient fréquemment sous sa plume comme l’expression coutumière de ses critiques ou de sa désapprobation. Agy Hamet était surtout la cible vivante de ses épigrammes. Le puissant Indien devait le savoir et sans doute les propos tenus à son égard dictaient-ils quelques-uns de ses actes, sauf à justifier ainsi les qualificatifs de Dupleix.

La singulière aventure arrivée en 1738 à notre courtier Indinaram en est une preuve convaincante. On ne connaît point les origines de cet homme qui devait avoir à ce moment de 45 à 50 ans. En 1730, il était un des principaux marchands de Chandernagor, un de ceux avec qui le Conseil passait habituellement des contrats. Sa connaissance des affaires détermina Dirois à se l’attacher plus étroitement en le nommant courtier de la Compagnie ; Indinaram y perdait le droit de lui fournir des marchandises soit directement soit indirectement, mais comme il avait une commission de trois pour cent sur les autres et que la Compagnie passait annuellement plus d’un million de contrats, les bénéfices d’Indinaram étaient fort appréciables et ils étaient sans aléas. En 1732, il avait pris à ferme les divers revenus de Chandernagor (cohaly ou droits de mesurage, droits de bazars, lods et ventes, divers salamys, droits sur les mariages, etc.) pour une somme de 12.000 roupies et il avait renouvelé le contrat en 1733 et en 1734 avec une augmentation de 1. 000 roupies chaque fois. Il était ainsi devenu une sorte de personnage officiel très en vue et partant très jalousé. Dupleix le soutenait de toute son autorité. Une