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s’agitaient à proprement parler nos destinées, pour les reporter jusqu’à Delhi qui était en ce moment le théâtre d’une révolution presque sans précédent dans l’histoire.

À la fin de 1738, Thamas Kouli Khan, roi de Perse, plus connu sous le nom de Nadir Cha, s’était emparé des villes afghanes de Caboul et de Candahar, qui dépendaient alors de l’empire mogol et s’était ainsi approché de l’Inde. Attiré par les richesses du pays et cédant aussi, dit-on, aux suggestions secrètes de Nizam oul Moulk, qui avait de vieilles injures à régler avec la cour de Delhi, il franchit l’Indus et arriva jusqu’à Carnaul, à 100 milles de la capitale sans trouver la moindre résistance. Il se heurta alors à une forte armée commandée par le généralissime Khani Douran et composée en partie de troupes armées par Sadut Khan, le vice-roi d’Oudh, et par Nizam oul Moulk lui-même. Nadir Cha n’avait que 65.000 combattants ; il défit sans difficulté les forces supérieures qui lui étaient opposées : le généralissime fut tué et Sadut Khan fait prisonnier. Mohamet Cha présent à l’action fit aussitôt sa soumission au vainqueur qui le reçut avec beaucoup de courtoisie, et tous deux se dirigèrent sur Delhi.

Il y avait alors à la cour du Mogol un aventurier français, originaire des environs de Bar-le-Duc, marié en 1729 à Pondichéry et qui se nommait de Volton. Lorsque le danger persan fut certain, il en informa Groiselle, notre chef à Patna, le 27 décembre et lui proposa d’user de ses relations pour essayer, le cas échéant, de détourner de nos établissements les mauvaises dispositions du vainqueur ; toutefois, une lettre des autorités de Pondichéry pour Thamas Kouli Khan lui paraissait nécessaire au succès de ses démarches. Dumas ne crut pas qu’il fut