Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/204

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suite et nous nous trouverons peut-être dans une plus triste situation que celle que nous venons d’essuyer. Je souhaite de tout mon cœur que votre façon de penser à ce sujet s’accommode avec la mienne et que, secondé de vos conseils, de vos secours et de vos ordres, je puisse avoir l’honneur et la satisfaction de mettre ici notre nation sur un tout autre pied que le passé. »

Dumas répondit à cette lettre le 9 juin ; il était dans les mêmes sentiments que Dupleix au sujet des vexations des Maures et sur la nécessité d’appliquer une politique nouvelle, mais c’était à la Compagnie seule à la déterminer.

Le malheur était que pour l’arrêter il eut fallu qu’elle sût exactement à quoi s’en tenir sur les affaires de l’Inde, or loin de jouer franc jeu, les prédécesseurs de Dupleix avaient toujours cherché à se disculper auprès d’elle des avanies qu’ils subissaient comme s’ils avaient craint de passer pour incapables en disant la vérité ; aussi loin de les plaindre, la Compagnie était-elle plutôt tentée de les blâmer de leur impuissance. « On a sacrifié, disait Dupleix, la vérité à une crainte secrète qui n’a servi qu’à exposer de plus en plus la nation aux affronts les plus insignes et l’on a complètement oublié de lui faire comprendre que nous n’étions que les victimes de la rapacité d’une bande de misérables cherchant avant tout à nous piller (lettre à Burat du 6 août 1739).


Nous renvoyons à un chapitre spécial les difficultés d’ordre financier que Dupleix eût à la même époque avec les gens du nabab au sujet de la circulation de nos roupies. Elles aussi se réglèrent par une forte contribution payée à Sujah Khan. Il nous faut pour un temps détourner nos regards de cette partie de l’Inde où