Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/207

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qu’au nom de la nation il pourrait à l’occasion présenter à l’empereur, quel qu’il fût. Ce mémoire n’ayant pas d’adresse particulière indiquant qu’il fut destiné à Thamas Kouli Khan ne pouvait causer aucun préjudice à la Compagnie. Dumas laissait au surplus à Dupleix, plus rapproché du théâtre des événements, le soin de faire suivant les occurrences ce qu’il jugerait le plus à propos.

Cependant Delhi était tombée aux mains des Persans fin février 1739. Cette révolution subite et facile ne laissa pas que d’augmenter les inquiétudes de Dupleix. Il Ignorait les desseins du vainqueur sur les nations d’Europe. Les laisserait-on jouir tranquillement de leurs privilèges ou chercherait-on à les leur enlever ? Il pria instamment Dumas de lui prescrire la conduite à tenir. Que faire par exemple si le nouvel empereur voulait l’obliger à démolir les défenses de la loge, s’il mettait un faussedar dans les aldées dépendant de notre colonie, s’il prétendait se saisir de nos revenus, nous soumettre à sa juridiction, faire ouvrir à la douane toutes nos balles de marchandises, nous faire payer les droits sur l’estimation de ses douaniers, augmenter les droits de 2 ½ %, suspendre enfin le cours de nos passeports ? Que faire encore si le nouveau gouverneur envoyé au Bengale exigeait de nous des sommes considérables soit pour la continuation de nos privilèges soit par simple violence ou caprice, s’il obligeait Dupleix à aller voir le nouveau roi ou lui envoyer une députation, s’il avait le dessein d’acheter nos vaisseaux ou même les prendre de force ? Si l’on devait envoyer une députation, Dupleix conseillait de ne pas agir mesquinement dans le choix ni le nombre des présents ; une parcimonie exagérée coûtait toujours trop cher. Il conseillait surtout de mettre à sa tête des hommes