Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/208

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habitués à traiter avec les Orientaux et ne se bornant pas, comme on l’avait fait trop souvent, à ne parler que de la Compagnie sans jamais prononcer le nom de la France. C’était la nation qui devait toujours passer au premier rang, et Dupleix constatait avec regret que, par un souci exagéré des affaires, le nom français était presque ignoré à Delhi (Lettres des 31 mars, 5 et 9 avril).

À ces questions précises, Dumas répondit avec non moins d’exactitude le 26 juin. Tout d’abord il ne pensait pas que le nouvel empereur voulut nous ôter nos privilèges. S’il le faisait, la place ne serait plus tenable pour les Européens ; il n’y aurait alors d’autre parti à prendre que de suspendre le commerce, devenu plus dispendieux que profitable, se renfermer dans la loge, et garder deux vaisseaux d’Europe, qui, à tout événement, pourraient servir de retraite et interrompre, lorsqu’on le jugerait à propos, le commerce des Maures dans le Gange. Le commerce suspendu, il faudrait renvoyer à Pondichéry les fonds devenus inutiles. Sans doute, en pareil cas, les ordres seraient communs avec les Anglais et les Hollandais : les trois nations pourraient alors se liguer pour faire tête aux Maures. Sur l’article de la démolition de nos défenses et des restrictions à l’exercice de nos droits commerciaux, « c’est à quoi, disait Dumas, il ne faut jamais consentir. Ce serait nous laisser arracher les dents et les ongles, nous mettre entièrement hors de défense et fournir aux Maures les moyens de nous opprimer plus facilement ». S’il venait un nouveau gouverneur et qu’il confirmât nos privilèges, ou même nous en accordât de nouveaux, il faudrait lui faire un présent fort honnête, en proportion de ses bons procédés. Mais s’il voulait, en agissant par force, nous obliger à lui payer une grosse somme, l’avis de Dumas était de refuser