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et de lui résister. Pour la visite au nouveau roi, Dupleix ne devait point, pour quelque raison que ce put être, abandonner son poste ; quant à une députation, elle ne pouvait que produire très bon effet, si elle était composée de gens sages et intelligents. On ne pouvait empêcher l’empereur d’acheter de gré à gré tous les vaisseaux qu’il voudrait, mais on devait absolument s’opposer à ce qu’il nous les enlevât par force.

Tels furent les sentiments de Dumas sur les propositions de Dupleix, mais le temps et les circonstances pouvaient exiger des conduites différentes. Dumas laissait à la prudence et à la sagesse de Dupleix le soin de s’y conformer.

Dupleix cependant continuait à informer Dumas de tout ce qu’il pouvait apprendre de Delhi (lettres des 24 avril et 16 mai), et Dumas le remerciait de son exactitude à le renseigner aussi complètement ; ces informations étaient, de son propre aveu, si contradictoires et pour la plupart si invraisemblables, qu’il n’était pas possible d’asseoir sur elles un jugement certain. On crut d’abord, à n’en pas douter, que, suivant l’exemple des grands conquérants de l’Inde, Mahmoud de Ghazni, Mohamed Tugluk et Beber, Thamas Kouli Khan prendrait la place de la dynastie mogole. Rien n’était plus facile et l’événement eut été accueilli dans l’Inde entière sans aucune protestation.

Le bruit courut un instant que notre nabab songeait à résister et cela suffit pour jeter le pays dans un grand embarras ; personne n’osait plus entreprendre le moindre voyage et les transactions commerciales se trouvèrent partout arrêtées. Mais cette velléité fut de courte durée et, pour marquer sa soumission, Sujah Khan fit frapper à Mourchidabad 30 roupies d’or