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golfe ou à Ceylan, où la mousson pouvait le retenir.

Pitt donna en conséquence des ordres au major Roach pour croiser au sud de Porto-Novo avec la Galathée ; il demanda en même temps au gouverneur de Bombay de lui envoyer deux bâtiments armés en guerre et marchant bien, pour l’aider à faire la police des ports de la côte Coromandel. Lenoir attendait de son côté deux navires de France à Mahé ; il donna ordre à leurs capitaines d’arrêter le vaisseau suédois et de l’amener à Pondichéry, s’ils le rencontraient en route.

Tardives précautions, inutiles menaces ! L’Ulrîch-Eléonor, après avoir mouillé pendant quelques jours entre Tranquebar et Nagour, s’en alla sans être inquiété à la côte malabar, où il fut reçu à Cochin par les Hollandais, puis il retourna en Europe. Au mois de juin, il fut aperçu péchant tranquillement la tortue à l’île Rodrigue.

Dès lors il ne fut plus question de lui qu’en Europe. L’ambassadeur de Suède en France avait pris sa cause en main et n’eut guère de peine à démontrer combien les procédés employés dans l’Inde avaient été peu conformes au droit et à l’équité. La Cour décida qu’il serait accordé des dédommagements. La Compagnie d’Angleterre pensa au contraire que tout s’était passé de la façon la plus correcte et l’ambassadeur suédois à Londres perdit son temps à présenter d’autres arguments. Certaines personnes toutefois crurent voir une satisfaction donnée à la Suède par le remplacement des gouverneurs Pitt et Lenoir par Benyon et Dumas en 1735. Dumas, jugeant de ces mêmes faits en 1736, en rejette l’initiative et la responsabilité sur le gouvernement de Madras[1].

L’affaire de l’Ulrich-Eléonor prouve avec quelle âpreté

  1. A. P. 13, passim.