Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/242

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et à la teneur des traités ; un navire régulier ne l’eut pas invoqué.

Pendant que s’agitaient ces questions, où la parole et les écrits eurent autant de part que l’action elle-même, l’Ulrich-Eléonor approchait de la côte Coromandel. Le 13 mars, vers les deux heures et demie du soir, il fut signalé par le travers du fort Saint-David faisant route vers le sud et longeant de très près la côte. La Galathée, navire français, qui l’aperçut, lui fit signe de stopper. Le navire suédois continua sa route, mais vira de bord pour courir au large. La Galathée en fit autant et le suivit ; par une autre manœuvre, l’Ulrich se trouva un instant entre la Galathée et le Prince-Auguste. C’était le moment d’agir. Le major Roach, qui avait le commandement sur mer, n’en fit rien. Sous prétexte qu’il y avait des Anglais à bord de l’Ulrich et que ses ordres ne le couvriraient pas suffisamment pour attaquer dans ces conditions, il se borna à l’inviter à mouiller et lui envoya un canot. Le capitaine suédois s’arrêta un moment, mais simplement pour répondre au major par écrit qu’il n’avait qu’à l’attaquer et qu’il l’attendait de pied ferme, puis il reprit sa course. On lui donna aussitôt la chasse ; mais l’Ulrich était meilleur marcheur ; il eut vite gagné de l’avance. On le poursuivit jusqu’à Négapatam, où l’on perdit toute espérance de l’atteindre.

Ainsi toutes les mesures si laborieusement prises pour arrêter le vaisseau suédois ne servirent de rien : on se trouva au contraire dans une situation plus embarrassante que si l’on n’avait fait aucune démarche. L’Ulrich sachant les desseins que l’on avait formés contre lui, il y avait tout à craindre pour nos vaisseaux de l’Inde, soit que le navire allât à Goa chercher des secours nécessaires, soit plutôt qu’il croisât dans le