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acquis cette créance et avait pareille somme sur hypothèque en 1729. Les représentants de Cheliby à Chandernagor ne voulaient ni nous payer ni nous laisser jouir des droits ou revenus que nous conférait cette hypothèque. Pour mettre fin à cette situation, Dupleix suggéra à Martin, notre chef à Surate, de s’entremettre auprès de Cheliby pour qu’il nous cédât complètement l’aldée moyennant 2 à 300 roupies que nous lui paierions chaque année : à son avis, nous regagnerions peu à peu cette somme par la jouissance des revenus. Pour ne point éveiller l’attention des Maures, qui sans doute s’opposeraient à cette cession, Dupleix suggérait encore qu’elle fut faite au nom de l’un des akons de la Compagnie. C’est ainsi que l’aldée de Gondolpara fut définitivement jointe au territoire de Chandernagor.

À part l’établissement de la loge de Patna, dont nous parlerons plus loin, il ne se passa aucun événement intéressant dans les années qui suivirent. À la suite de la nomination de Dumas comme gouverneur, Dupleix qui n’avait pu avoir le poste pour son compte, essaya du moins d’obtenir l’autonomie la plus complète pour sa direction. Les Anglais de Calcutta n’étaient-ils pas indépendants de Madras depuis 1681 ? Était-il juste d’attendre parfois fort longtemps que le Conseil supérieur se fut prononcé en appel sur des condamnations prononcées à Chandernagor qui risquaient de prolonger certaines détentions fort arbitrairement ? Dupleix exposa ces motifs à la Compagnie, moins sans doute par pitié pour les coupables peu dignes d’intérêt que pour réaliser ses rêves d’indépendance personnelle. La Compagnie se retrancha derrière des raisons financières pour ne pas lui donner satisfaction ; en réalité la théorie de Dupleix ne se présentait pas avec des arguments suffisamment rigou-