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Contigu au Carnatic du côté du sud, se trouvait le royaume de Tanjore, petit par son étendue mais très important par ses richesses en riz ; c’était le grenier du sud de l’Inde. Un chef marate nommé Ekodji ou Venkadji, en avait fait la conquête en 1674 et y avait établi une dynastie, qui n’a disparu qu’en 1855. Les souverains qui régnèrent après Venkadji mort en 1684, furent ses trois fils : Shaji (1684-1711), Sarfoji ou Saboji (1711-1729) et Takoji (1729-1735).


Le Tanjore touchait lui-même du côté du sud et de l’ouest au royaume des Nayaks du Maduré, démembré en 1559 du grand empire de Bijanagar. Les villes les plus importantes étaient Madura et Trichinopoly. Le roi qui régnait alors était le douzième de la dynastie, il se nommait Vijaya Ranga Chokkanatha ; il était né en 1704 un peu après la mort de son père ; sa mère s’était brûlée sur un bûcher à la façon des veuves indiennes et, pendant sa minorité qui dura seize ans, le pouvoir fut tenu avec une grande autorité par sa grand’mère Mangammalle, qui, en son temps, s’était absolument refusée à mourir pour honorer les mânes de son époux. Lorsque le petit prince fut en âge de gouverner par lui-même, à seize ans, son entourage mit la vieille reine à mort, et c’est ainsi que cessa la régence. Le pouvoir des Nayaks s’étendit un instant sur le Tanjore et le Maïssour ; en 1725, il était réduit au Maduré proprement dit, et, c’était encore un grand royaume puisqu’il s’étendait jusqu’aux montagnes de Travancore et jusqu’au cap Comorin. C’est dans le Maduré, sous les murs de Trichinopoly, que se jouera réellement la partie engagée par Dupleix en 1749 et dans laquelle il devait succomber.