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Le Mysore ou Maïssour, au nord et au nord-est du Maduré, était un royaume mal constitué et sans force. La dynastie qui y régnait et qui y règne encore aujourd’hui, s’y était fondée en 1399. Chikka Deva, qui régna de 1672 à 1704, avait acquis Bangalore en l’achetant au roi de Tanjore ; c’était la ville la plus importante du royaume ; venaient ensuite Mysore et Seringapatam. Chikka Deva eut pour successeurs Kanthirawa Raja (1704-1714), puis Doda Krishna Raja (1714-1731), princes faibles et de nulle autorité. La dynastie directe s’éteignit en 1733 avec Chama Raja ; ce prince fut déposé par son cousin le dalavay, ou général en chef des forces du royaume, qui pendant plus de vingt ans disposa de l’autorité effective. Chama Raja fut nominalement remplacé par un membre d’une branche éloignée, nommé Chikka ou Immadi Krishna Raja, qui vécut sans gloire et sans prestige jusqu’en 1766 ; mais déjà Haïder Ali était le véritable maître du royaume.

Le Mysore comme l’empire voisin des Marates ne devait, au temps de Dupleix, jouer qu’un rôle secondaire dans nos luttes du sud de l’Inde ; sous Haïder Ali Khan et Tippou Sahib, il fut au contraire le pivot de notre politique dans la péninsule.


Nos établissements n’avaient plus de rapports avec les Marates depuis que les Maures leur avaient repris Gingy en 1698 et les avaient rejetés à la côte occidentale, d’où leur puissance avait commencé à se répandre dans l’Inde au temps de Sivaji. Cet homme extraordinaire, le plus grand assurément qu’ait produit l’Inde brahmanique, avait réuni en un seul peuple toutes les tribus marates éparses le long des Gattes et les avait rendues indépendantes du Mogol ; bien plus, il avait commencé à les déverser