Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/260

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qu’à l’ancienneté ; on devait toutefois essayer de concilier ce principe avec les qualités de l’agent et il était entendu que dans le cas où, à égalité de grade, la capacité l’emporterait sur l’ancienneté, on pourrait faire monter aux postes les plus élevés les employés les moins anciens. Ces principes sont essentiellement justes ; mais comme les employés de peu de valeur sont les derniers à s’en rendre compte, il en résultait dans l’application des froissements et des rancunes. Les administrations ont passé leur temps et continueront de le passer à chercher entre l’ancienneté et le choix la formule d’équilibre qui donne à chacun satisfaction : en 1738, la Compagnie, rompant avec les usages, décida que les employés n’avanceraient plus qu’à l’ancienneté, fut-ce dans le même grade. Elle édicta en même temps que les Conseils ne pourraient plus révoquer les employés mais seulement les suspendre. Les conséquences de cette mesure ne tardèrent pas à se faire sentir ; les employés médiocres ou de peu de conscience, sachant qu’ils ne pouvaient plus être révoqués et que leur avancement était quand même assuré, quelque talent qu’ils déployassent, ne se donnèrent plus aucun mal et ne se crurent plus tenus à aucune discipline ; ceux qui étaient chargés de la vérification des marchandises s’en reposèrent sur des subalternes, voire même sur des Indiens en prétendant qu’ils étaient occupés dans les bureaux où peut-être ils n’étaient pas. Dupleix eut avec eux des discussions sans fin pour leur faire comprendre leur devoir ; ses conseils sans sanction furent sans résultat, et il en fut réduit à demander à la Compagnie de n’accorder d’avancement qu’à ceux qui feraient preuve d’assiduité. Les Conseils gardaient toutefois le pouvoir de refuser l’avancement aux employés qui leur paraîtraient indignes ; ils devaient alors prendre une