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gnie ; elle considérait tous ses employés dans l’Inde comme ne formant qu’un seul corps sans distinction de rang ni de comptoirs, et voulait que, sans se transporter d’un établissement dans un autre, ils fussent avancés, lorsquil y aurait lieu, quelque part qu’ils fassent et payés des appointements attachés aux grades auxquels ils avaient été promus.

Dupleix jugea cette réforme tout à fait déraisonnable et il l’écrivit à son ami Godeheu[1] ; il était hostile à toute mutation de fonctionnaires d’un comptoir dans un autre, même par voie d’avancement ; à son avis, le meilleur agent venant du dehors ne valait pas le plus médiocre employé qui avait acquis sur place une longue habitude des affaires, mais il admettait encore moins qu’on avançât à Chandernagor parce qu’un employé d’un rang supérieur venait de mourir à Mahé ou à Pondichéry. Ce n’était pas le meilleur moyen, disait-il, que les affaires de la Compagnie fussent bien gérées et si elles l’étaient mal à l’avenir, elle ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même. On n’éviterait le mal qu’en faisant monter aux postes vacants d’un comptoir les employés de ce même comptoir, à l’exclusion de tous les autres. Cette doctrine avait du moins l’avantage de concorder avec les idées d’indépendance que Dupleix ne cessait de soutenir en toutes les occasions.

L’avancement automatique des employés ne pouvait que développer chez eux l’esprit d’indiscipline, déjà si surexcité par l’impossibilité où se trouvaient les directeurs de les révoquer. Dupleix se plaignit amèrement aux directeurs eux mêmes (14 janvier 1740) que depuis les nouveaux règlements les agents de tous ordres, surtout

  1. B. N. 8982, p. 180-184.