Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/263

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les conseillers, fussent devenus d’une humeur peu soumise ; ils prétendaient ne recevoir d’ordres de personne et ne les exécutaient qu’à leur fantaisie. Voyant leurs chefs de même rang qu’eux confondus sans égard aux postes dans le tableau où l’ancienneté les avait placés, comment voulait-on qu’ils eussent le moindre égard pour un chef qu’ils ne regardaient plus que comme un égal ? C’était l’anarchie et Dupleix n’avait pas tort de la déplorer. Un lecteur impartial en conclura certainement que la bonne administration n’est pas nécessairement une affaire de régime politique.


Dupleix avait d’autant plus raison de ne pas trouver parfaites les nouvelles mesures de la Compagnie qu’il venait lui-même d’en être la victime. Dans le courant de juin 1739, alors qu’il se reposait à son jardin de Satgazia, le bruit commença de se répandre à Chandernagor qu’il était impliqué dans une affaire où son honnêteté était en cause. C’était un bruit timide et discret, qu’on répandait à voix basse et qu’on retenait ensuite pour le rendre plus perfide. Dupleix fut quelques jours sans rien savoir, mais à la fin les conseillers St -Paul et Renault le mirent au courant de la situation. Il ne s’agissait de rien moins que de 3 à 400.000 roupies qui auraient été détournées des fonds de la Compagnie et voici sur quoi ce soupçon était fondé.

Au moment du départ du dernier des vaisseaux du Bengale pour France, le teneur de livres chargé de clore le bilan avait par erreur laissé apparaître un excédent en caisse de 84.179 roupies ; le Conseil s’en rapportant aux écritures l’avait contresigné sans l’examiner. Des gens de bonne foi et au courant des affaires eussent très simplement estimé qu’erreur n’est pas compte ; il plut au contraire à certains employés dont Guillaudeu le jeune, Bois-