Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/270

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Avec si peu de soucis et de responsabilité, la discipline était naturellement douce ; elle n’était guère troublée que par des rivalités d’amour-propre entre les chefs. Certaines n’étaient pas justifiées, d’autres l’étaient davantage, telle la nomination d’un nommé Chambon comme aide-major. Cet officier avait quitté le service à Pondichéry et demandé ensuite à Dumas l’autorisation d’aller au Bengale pour y régler quelques affaires avant son retour en France. À peine arrivé à Chandernagor, Dupleix le retint et fit de lui un aide-major. À cette nouvelle, les officiers de Pondichéry adressèrent au gouverneur une requête par laquelle ils demandèrent que le dit sieur Chambon ayant quitté le service fut remis à la queue. Dumas jugea que Dupleix avait quelque peu outrepassé ses pouvoirs et en transmettant à la Compagnie la requête de ses officiers, il terminait ainsi sa lettre : « Nous sommes surpris que le Conseil de Chandernagor fasse si peu d’attention aux ordres de la Compagnie et à la règle et s’écarte à ce point de la subordination qu’elle lui a prescrite, puisque toutes ses démarches se font contre notre assentiment et sans notre assentiment. » Malgré la désignation de Dupleix, Dumas ne porta pas Chambon sur le tableau général des officiers.

L’indiscipline des soldats se traduisait surtout par des désertions. Les unes tenaient à la lassitude du service militaire, dont la durée était pour ainsi dire indéfinie, d’autres à l’amour de l’indépendance et des aventures, d’autres enfin à des désirs de mariage. Il était en effet défendu aux soldats de se marier sans l’autorisation de leurs chefs et avec des femmes du pays ; c’étaient cependant le plus souvent les seules unions qu’ils pussent contracter. Mais il était si facile de passer outre aux règlements ; la frontière anglo-hollandaise était à moins de deux milles