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Perse et toute crainte disparut du côté du Bengale.

La mort de Sujah Khan survenue peu de temps après et le renversement de son successeur Safras Khan firent craindre à nouveau pour la sécurité de nos établissements et Dupleix demanda des renforts à Pondichéry. Mais la côte Coromandel était plus troublée encore par les incursions des Marates ; après avoir défait et tué le nabab d’Arcate, ils vinrent mettre le siège devant Trichinopoly et menaçaient à l’issue du siège d’aller ravager la côte depuis Goudelour jusqu’à Madras. Il fut impossible à Dumas d’envoyer le moindre renfort et les effectifs de Chandernagor allèrent en s’affaiblissant. Loin d’être secouru, ce fut au contraire Dupleix qui envoya à la côte Coromandel des secours en vivres et quelques munitions.

Les craintes d’insécurité de Dupleix pour nos établissements du Bengale furent d’ailleurs peu nombreuses et de courte durée ; en fait, aucun danger intérieur ni extérieur ne menaça nos établissements jusqu’en 1741. Les incursions des Marates dans le nord ne commencèrent que l’année suivante. Aussi nos soldats étaient-ils assez inoccupés. Leur plus grand travail était une fois l’an d’escorter les bateaux qui montaient à Patna porter nos marchandises et en ramener le salpêtre et autres produits de la contrée ; encore n’envoyait-on qu’un détachement de 25 à 30 hommes commandés par un capitaine ou un lieutenant. Et c’était un voyage de plaisance plutôt qu’une véritable campagne ; on partait en septembre pour rêvenir en novembre ou décembre. D’autres, sous la conduite d’un simple sergent, escortaient les navires ou bazaras qui faisaient dans le même but le voyage de Dacca par l’Hougly, le Gange et le Brahmapoutre, où parfois la vue se perd à l’horizon comme si l’on naviguait sur un lac sans fin.