Il fut chargé 7.000 mans de salpêtre dont plus de 4.000 provenaient de Purnia, au-dessus de Patna. À leur descente, le nabab les fit arrêter au-dessus de Cassimbazar sous prétexte que la marchandise ne nous appartenait pas, notre habitude n’étant pas de la faire venir d’aussi loin. L’affaire se fut peut-être arrangée si l’on ne s’était également avisé de faire arrêter les soldats qui escortaient les bateaux. Ceux-ci ne purent supporter l’affront et l’un d’eux, dans un moment d’impatience, eut le malheur de tuer le fils d’un fakir qui assistait en spectateur à l’incident. De six qu’étaient les soldats, trois furent retenus et menés pieds et poings liés à Cassimbazar où ils restèrent en prison pendant près de trois mois. Enfin, après bien des peines, les soldats et le salpêtre furent relâchés moyennant la somme de 6.000 roupies. Pendant ce temps les eaux avaient baissé dans la rivière ; il fallut débarquer les marchandises et les amener à Chandernagor sur des bateaux plus petits ne pouvant porter chacun que 25 sacs. Cela occasionna une nouvelle dépense de 1.000 à 1.200 roupies, augmentant d’autant le prix du salpêtre.
Les poivres venaient tous de la côte malabar : le Bengale n’en produit pas. Il en fut chargé 200 milliers apportés par les bateaux de Pondichéry et 3.500 mans achetés au Bengale aux Anglais et Hollandais.
Quant aux broderies de Dacca, fort prisées à ce qu’il semble, elles étaient toutes faites par des femmes musulmanes, hors de tout contrôle et il fallait absolument les recevoir dans l’état où on les livrait. Encore eut il été impossible de se les procurer, si Dupleix n’avait entretenu une amitié personnelle avec deux seigneurs maures qui lui servaient d’intermédiaires. Ces seigneurs étaient d’ailleurs fort exigeants ; pour obtenir d’eux des broderies