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dernagor en état de travailler à l’avance aux cargaisons de ces vaisseaux, le Conseil supérieur résolut de faire passer immédiatement ce navire au Bengale avec 240.000 rs. et 187.756 liv. de poivre, valant 11.776 pagodes[1].

Ainsi cinq navires de France remontèrent cette année à Chandernagor mais trois seulement servirent aux opérations courantes. La fortune ne leur fut pas également favorable, non plus qu’aux autres bateaux de moindre importance partis de Pondichéry.

Le Philibert s’échoua à l’embouchure du Gange mais fut sauvé par les Hollandais qui lui fournirent les secours nécessaires pour le tirer du banc où il était engagé. Le 22 août, le Fort-Louis périt en descendant le Gange avec le chargement de riz qu’il ramenait à Pondichéry. Le Chandernagor et le Saint-Benoit qui descendaient après lui avec un pareil chargement durent rester dans le fleuve pour se réparer. L’Alcyon sombra en rade de Balassor. Dans des mers plus lointaines, un bateau des îles destiné à servir de ponton à Chandernagor, sombra à quarante lieues de l’île de France. Enfin le 11 octobre, il y eut au fond du golfe du Bengale un orage d’une violence extraordinaire qui causa de grands ravages. Le Saint-François s’y perdit corps et biens ; l’Union, le Maure et le Saint-Benoit furent fort maltraités.

Dupleix informa la Compagnie de cet orage par une lettre confiée au Philibert dans les derniers jours de novembre, mais il n’en écrivit rien à Dumas. Celui-ci l’apprit par voie anglaise et n’en fut pas satisfait. « Est-il naturel, écrivit-il à Dupleix, que nous soyons obligés d’aller chercher chez les Anglais des nouvelles aussi intéressantes pour notre Compagnie et pour nous[2] ? » Il s’en plaignit à

  1. C. P., t. I, p. 415.
  2. C. P., t. II, p. 3.