Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/320

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oubliant entièrement les discussions que vous avez eues avec le Conseil[1]. »

Ces discussions, on a pu s’en rendre compte, ne furent pas très préjudiciables au commerce. Comme Dupleix ne pouvait rien faire sans les fonds que la Compagnie lui faisait parvenir, si ces fonds venaient à manquer ou étaient insuffisants, son ingéniosité et son zèle ne pouvaient y suppléer ; il devait nécessairement limiter ses opérations aux moyens financiers dont il disposait. Son initiative était par conséquent très réduite ; elle ne s’exerçait en réalité que dans le choix des marchandises, et non dans la quantité. Initiative cependant assez grande, puisque le succès des ventes à Lorient ou à Nantes en dépendait presque uniquement, et que ces ventes furent en général satisfaisantes.

Ce n’est donc pas sur le commerce avec la France qu’il faut juger l’œuvre de Dupleix au Bengale ; il n’y fut le plus souvent qu’un agent passif des ordres reçus. C’est ailleurs, c’est dans le commerce d’Inde en Inde qu’on doit rechercher les causes du crédit qu’il obtint et qui lui assurèrent après quelques années d’épreuves parfois très dures le gouvernement de tous nos établissements. C’est là véritablement que Dupleix déploya avec énergie et parfois avec audace les qualités spéciales qui firent sortir Chandernagor de l’obscurité où la prudence et la timidité de ses prédécesseurs l’avaient maintenue.


  1. A. P., t. VI. Lettre du 14 janvier 1741.