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CHAPITRE VIII

Le Commerce d’Inde en Inde.


Le commerce d’Inde en Inde était plus chanceux que celui d’Europe. On sait comment il fonctionnait : des particuliers ou des employés de la Compagnie achetaient un navire ou s’entendaient pour l’exploiter en commun. Ils chargeaient les marchandises leur appartenant ou recevaient à fret, moyennant un prix courant de 7 %, celles qu’on leur confiait. Souvent encore ils prenaient à la grosse, à 18 % d’intérêt, les sommes qu’on voulait bien leur donner pour les faire valoir. C’étaient les trois parties constitutives d’un armement. La situation de Dupleix comme directeur du Bengale lui permettait naturellement de prendre une part prépondérante dans les entreprises qui se préparaient. Ses prédécesseurs avaient eu les mêmes facilités ; mais c’étaient des gens à audace limitée : ils regardaient toujours en arrière avant de faire un pas en avant. Dupleix se distingua d’eux non par ses pouvoirs qui étaient les mêmes, mais par l’esprit de décision, qui prépare le succès, et celui de ténacité qui triomphe des obstacles et des revers. Il faillit plusieurs fois sombrer dans des entreprises malheureuses, où il fut desservi par les éléments et par les circonstances bien plus que par son génie : mais il résista toujours avec une confiance indomptable dans l’avenir : ses pertes étaient