Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/345

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qu’il n’était pas autorisé à faire du commerce à cette côte ; la Compagnie le réservait à la Bourdonnais, comme intéressant beaucoup plus les Îles que l’Inde elle-même.

La mémoire où la Bourdonnais exprima cette opinion n’aurait été écrit, suivant lui, qu’à la suite d’une sorte d’abus de confiance commis par Dupleix. Celui-ci n’aurait en effet entrepris le commerce de Mozambique qu’après avoir pris connaissance d’un mémoire secret sur le commerce que lui aurait confié la Bourdonnais. Lorsqu’il connut cette accusation par avis de la Compagnie elle-même, Dupleix s’en défendit énergiquement. D’après lui, la Bourdonnais lui aurait proposé de faire du commerce entre les Îles et Chandernagor, en faisant passer aux Îles une certaine quantité de marchandises du Bengale. Or ce commerce était interdit par la Compagnie et Dupleix n’aurait pas voulu l’entreprendre. C’est pourquoi la Bourdonnais aurait écrit à la Compagnie au sujet de Mozambique, mais sa lettre était à ce point mensongère que trois membres de son conseil auraient refusé de la signer.

Dupleix ne releva pas sans quelque amertume les procédés du gouverneur des Îles : il ne manqua pas de faire valoir que c’était à ses frais et non à ceux de la Compagnie qu’il avait entrepris le commerce de Mozambique et que de telles initiatives auraient dû être encouragées au lieu d’être arrêtées dès leur origine. On avait l’air de l’accuser d’avoir réalisé des bénéfices par quelques machinations ténébreuses : à quoi se réduisaient-ils jusqu’à présent ? à la perte de la Naïade ? au succès plus que douteux du voyage de l’Heureux ?

Ce voyage en effet ne fut guère favorable et Dupleix eut beaucoup de mal à retirer son capital tant de la Naïade que de l’Heureux. Comme ce dernier navire n’avait