Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/350

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gnie, on eut évité cette faute. Dupleix excusait d’ailleurs le Conseil supérieur de n’avoir pas été plus prévoyant : car celui-ci ignorait le secret de cet armement, c’est-à-dire l’intérêt que les Hollandais y avaient sous le nom des Larivière.

En voyant partir leur bateau avec Villeneuve. Dupleix prévoyait que de pénibles incidents pourraient surgir à Bassora, où nous n’avions pas d’autre autorité établie que celle des Carmes qui y remplissaient les fonctions consulaires. Dupleix craignit que Villeneuve se servit d’eux pour commettre quelques actes déplacés et d’autres en opposition avec les privilèges de la Compagnie ; il envoya en conséquence des instructions à Aumont pour s’opposer aux prétentions des Carmes si Villeneuve invoquait leur juridiction.

Ces instructions ne furent pas communiquées au Conseil supérieur, qui ne s’en offusqua pas outre mesure, mais n’en fut pas davantage très satisfait. Il reprocha surtout à Dupleix d’avoir cru trop aisément que l’armement avait été surtout inspiré par Sichtermann, pour faire tort au commerce de la Compagnie.

« La défiance, répondit Dupleix, le 10 août, règne entièrement dans votre dernière lettre et l’on y avance un peu légèrement que sans aucun fondement nous disions que les Hollandais sont intéressés dans l’armement du sieur Villeneuve. Je crois qu’il eut été plus convenable de dire simplement que vous ignoriez que les Hollandais eussent aucun intérêt dans cet armement. Tout cessait par là et votre Conseil ne nous eut pas forcé, pour nous éviter les qualités de menteurs ou d’étourdis, de lui expliquer les fondements de ce que nous avons avancé à ce sujet… Notre amour-propre ne se trouve point flatté… on nous juge peu capables de prudence et l’on veut vous faire entendre que nous écrivons sans réflexion. Il est fâcheux pour nous que l’on ait de pareilles idées[1]… »

  1. Ars. 4744. p. 90.