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c’était du Bengale que se faisait presque tout le commerce du Golfe Persique. Il était légitime que le commerce de Chandernagor s’émut, d’autant plus que par sa lettre du 26 novembre arrivée à Pondichéry le 20 septembre 1787 la Compagnie recommandait au Conseil supérieur de se concerter sur le montant des droits avec celui de Chandernagor, plus directement intéressé.

Au même moment (fin 1736), Dupleix conférait le titre de chef de la nation à Aumont, subrécargue de l’Union, qui partait pour Bassora. L’attribution de ce titre ne plut pas au Conseil de Pondichéry, qui se considérait comme seul autorisé pour l’accorder ; il défendit à Aumont de le prendre, mais il lui en reconnut tous les pouvoirs et comme pour lui prouver qu’il n’en voulait nullement à sa personne, il lui donna la mission spéciale de négocier un traité avec la Perse et de fonder un établissement à Bender Abbas.

Lorsque Dupleix fut informé de la décision de la Compagnie et bien que le consul dut être un de ses agents, il en désapprouva nettement l’institution par lettre adressée directement en France dès le 19 décembre, mais qui fut communiquée au Conseil supérieur. La création de ce consulat lui enlevait en effet une partie de son autorité dans la direction des affaires du Golfe Persique. Jusqu’alors, le Conseil de Chandernagor était le seul à y faire le commerce ; Pondichéry y avait peu de part. Il usait de cette sorte de monopole comme il lui convenait, se réservant les armements et les interdisant aux particuliers, même aux vaisseaux qui partaient de Pondichéry et remontaient d’abord au Bengale. Il désignait les subrécargues qui, à chaque saison, se rendaient en Perse pour présider à la vente des marchandises et régulariser les opérations. Ces subrécargues investis d’un pouvoir mo-