Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

curité créée au Bengale par la mort de Sujah Khan paralysèrent toutes les affaires pendant plusieurs mois. L’argent devint d’une rareté inexprimable : on ne pouvait ni acheter ni vendre et Dupleix ne soutint ses dépenses journalières qu’avec des peines infinies. Il avait en magasin plus de 150.000 roupies de coton et autres marchandises dont il ne pouvait tirer un sou.

Des malheurs plus directs l’atteignirent personnellement ; ce fut l’année où le Balocopal venant de Manille et le Petit-Heureux venant de Mozambique disparurent dans le golfe du Bengale. Le Philibert, vaisseau de la Compagnie, qui arrivait d’Europe, échoua dans le Gange par suite d’une erreur du pilote, il s’y abîma et avec lui toute la cargaison, moins 30.000 roupies qu’on put sauver. Dupleix qui attendait les fonds de ce navire pour parer aux nécessités les plus urgentes, se trouva dans une situation désespérée. Plus que jamais les négociants indigènes lui refusèrent tout crédit ; Agy Hamet pensa même que nous abandonnerions nos établissements. Dupleix se raidit contre le malheur avec obstination et sa confiance fut récompensée. Les navires qui suivirent le Philibert lui apportèrent assez d’argent pour faire des avances aux marchands et dès la fin de septembre les choses avaient repris leur cours normal. Cette épreuve accrut même le prestige de la nation, qui avait fait preuve d’une résistance insoupçonnée. Mais il était temps qu’elle prit fin ; Dupleix était à bout de forces ; une autre année comme celle-là, disait-il, l’eut conduit au tombeau.

Conformément à ses instructions, la Compagnie fut intéressée d’un quart dans tous les armements qui furent : un vaisseau pour Djedda, deux pour Surate, un pour Bassora, un pour Bender Abbas et trois pour