Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Toutefois, la situation du faussedar était moins solide qu’elle ne le paraissait. Le nabab de Catec, Moussou Khouli Khan, n’avait pas reconnu Aliverdi Khan comme soubab du Bengale ; il restait fidèle à la dynastie déchue, mais hésitait à faire la guerre. En prévision d’une attaque de sa part, Aliverdi massa des troupes à Sagregaly ; d’autres furent concentrées à Pourania. On s’attendait de part et d’autre à de grands événements. Agy Hamet envoya des émissaires auprès de divers nababs pour les détourner de toute alliance avec celui de Catec ; il en vint deux à Balassor pour se rendre auprès du raja de Sagrenat et pour l’inviter à abandonner la cause du nabab.

Malgré tous ces mouvements on fut d’abord convaincu à Chandernagor qu’en cas de guerre, Aliverdi succomberait, tellement son frère et lui étaient détestés de la population. Ces prévisions ne se réalisèrent point ; la guerre finit par éclater, mais ce fut Moussou Khouli Khan qui fut vaincu.

Aliverdi Khan quitta Mourchidabad au mois de décembre 1740 pour l’aller combattre. Obligé ainsi de sortir de l’expectative où il paraissait vouloir se renfermer, le nabab de Catec demanda des canonniers à Finiel. Dupleix, informé de ce désir, eut vivement désiré lui donner satisfaction, convaincu qu’en cas de succès, il rendrait de bons services à la nation ; mais dans l’incertitude des événements, il estima que donner des armes à l’un ou à l’autre des belligérants ou les fournir à l’un à l’insu de l’autre était jouer un jeu dangereux et se compromettre sans profit. Il prescrivit en conséquence à Finiel une stricte neutralité, en faisant en sorte toutefois de ne pas indisposer Moussou Khouli Khan dont il escomptait la victoire.

« Toutes les nations, écrivait-il, doivent faire des vœux pour