Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/398

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levé par rapport au fleuve, terrain aujourd’hui livré à la culture maraîchère, nous avons trouvé de vieilles murailles épaisses à moitié écroulées et rongées par le fleuve qui attaque constamment le pied du monticule. Il est infiniment probable que notre loge se trouvait là, à côté de la loge hollandaise.

La Compagnie avait reçu sa concession en 1693 par un firman du nabab du Bengale, qui fut confirmé par des firmans ultérieurs. Dès cette époque, Patna fabriquait des toiles renommées, fournissait l’opium le plus réputé de l’Inde et constituait un centre important pour les marchandises à destination du Thibet et du Cachemire.

Nous ne nous établîmes toutefois à Patna qu’en 1734, alors que les Anglais et les Hollandais y avaient depuis longtemps des comptoirs florissants. Avant cette date, nous nous contentions d’y faire du commerce à l’aide d’embarcations qui remontaient le Gange avec des marchandises d’Europe qu’elles y échangeaient contre du salpêtre, puis, l’opération terminée, revenaient à Chandernagor. Dans l’intervalle, quelques banians habitués à traiter avec nous des affaires préparaient les fournitures de la prochaine campagne. Ce fut l’espérance d’un plus grand développement commercial qui décida Dupleix à y fonder un établissement permanent ; la Compagnie réclamait sans cesse du salpêtre que le pays fournit en abondance, elle espérait en retour y écouler des draps de fabrication française qu’on plaçait difficilement ailleurs.

Mais, tout en servant les intérêts de la Compagnie, Dupleix n’entendait pas sacrifier les siens. On lui reprocha un peu plus tard de n’avoir entrepris le commerce de Patna que pour des satisfactions personnelles ; le reproche