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reçut pour prix de ses peines et comme récompense de ses premiers succès une gratification de 1.000 livres. Cependant, lorsqu’elle aligna ultérieurement ses comptes, la Compagnie ne put s’empêcher de remarquer que, malgré le bon marché exceptionnel du salpêtre, il finissait par les frais généraux de la loge et de la navigation du Gange, à revenir au moins aussi cher que celui acheté à la côte Coromandel.

Le pays lui-même avait été assez troublé. Le nabab était en guerre avec un raja du pays ; il le battit et lui enleva de 12 a 15.000 esclaves. Or, on vertu d’ordres de la Compagnie, le Conseil de Chandernagor devait en acheter et en envoyer chaque année une vingtaine à Bourbon. Dupleix pensa qu’à la suite dune capture aussi importante les prix pourraient baisser et invita Groiselle à en acheter 300. Le chiffre parut élevé à Pondichéry, où l’on prescrivit, à moins de demandes formelles de l’île Bourbon, de ne lui en envoyer qu’une vingtaine et de diriger les autres par différents bateaux sur l’île de France, où ils conviendraient mieux[1].

Les troubles dont le pays avait été le théâtre auraient pu arrêter toutes nos affaires et c’était même leur conséquence ordinaire. Groiselle put néanmoins commercer sans rien craindre, mais ce fut au prix de 8.000 roupies qu’il paya au nabab et à ses officiers. Il ne semble pas d’autre part que notre comptoir lui-même ait été d’une extrême tranquillité ; il y eut des rixes entre soldats et au cours des interrogatoires qu’on leur fit subir, il sembla établi que notre loge était devenue « un lieu public où chacun faisait venir sa coureuse quand bon lui semblait ». Dupleix prescrivit à Groiselle trop libéral ou trop aveugle

  1. C. P. t. I, p. 317.