Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/407

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mettrait-elle la faute sur Dupleix. Dupleix supplia Groiselle de peser ces conséquences qui seraient aussi fâcheuses pour l’un que pour l’autre. Les Anglais trouvaient bien le moyen de vendre leurs draps : pourquoi n’en saurions-nous pas faire autant ? Groiselle ne devait pas perdre de vue que « ce point était la seule raison de rétablissement de notre comptoir[1] ».

La flotte de 1736 partit de Chandernagor le 30 juillet sous le commandement du capitaine Miraillet, un officier d’un caractère peu traitable avec qui l’on n’eut que des difficultés. Lorsqu’il fut désigné, il obligea pour ainsi dire Dupleix à lui prêter 1.000 roupies, sans quoi les bateaux n’auraient pu partir ; déjà tout le monde se plaignait de lui. Pendant son voyage et durant son séjour à Patna, il tint une telle conduite qu’à son retour à Chandernagor, Dupleix dut le renvoyer à la disposition du Conseil supérieur. Miraillet fut tué peu de temps après dans un duel à Goa par un autre officier du nom de Salvan.

Dupleix et Groiselle étaient intéressés dans le chargement pour 46.476 roupies, mais ce chiffre fut beaucoup plus élevé. Dupleix estimait au début de l’année que les envois atteindraient 200.000 roupies. Nous trouvons en effet qu’en dehors de la part de Dupleix et Groiselle, il fut transporté au moins 1.980 roupies de soie de Cassimbazar, 3.107 pagodes de vif-argent et de vermillon et 1.132 roupies de corail.

Les officiers et soldats avaient embarqué pour leur compte du sel, de la toutenague et quelques autres marchandises, mais à part le sel, elles étaient toutes de peu de valeur. C’était leur port-permis dans l’armement. Étant donné le caractère de Miraillet, Groiselle avait ordre

  1. Ars. 4744, p. 3.