devait au moins s’abstenir de faire des présents d’une grande conséquence, tant que nos draps ne seraient pas vendus.
Ainsi l’on en revenait sans cesse à cette question de vente qui était le grand souci de Dupleix. Les draps vendus au Bengale étaient de trois sortes, les londrins, les vingtains, et les trente-quatrains, suivant l’origine de fabrication ou le nombre de fils entrant dans la trame. Les londrins étaient ceux qui s’écoulaient le mieux, pourvu qu’ils ne fussent pas couleur de garance. En décembre 1736, Dupleix apprit par le retour de la flotte que sur 150 balles qu’il avait envoyées Groiselle en avait alors vendu 80.
Les comptes étaient difficiles à établir et longs à régler. Dupleix ne reçut qu’en mars 1737 l’état de vente des marchandises de 1735 et 1736 : encore toutes n’étaient-elles pas réalisées et il en restait de toutes les sortes en magasin. Les ventes effectuées n’avaient point donné ce qu’on espérait et Dupleix en conclut un peu précipitamment que « le commerce de Patna était un fort mauvais commerce », qu’il faudrait abandonner si par la suite il n’allait pas mieux.
Faut-il attribuer ces mécomptes à la négligence de Groiselle, aux agissements de nos propres employés, aux friponneries de notre courtier ou aux exactions du nabab ? Sans doute à toutes ces causes sans qu’aucune d’elles fut prépondérante. Il semble pourtant que c’étaient les procédés du nabab qui nous incommodaient le plus : ces procédés étaient tels que, dans le courant de l’année 1737, les trois compagnies européennes s’entendirent pour porter plainte en commun à la cour de Mourchidabad, sans s’illusionner d’ailleurs sur le résultat de leurs démarches. Nous avions quant à nous plus spécialement à