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au monopole du café, il se confondait en quelque sorte avec le commerce propre de la Compagnie, dont il formait une des parties les plus importantes.

La Compagnie resta donc, à partir de 1730, avec les bénéfices du bail des tabacs et ceux de son propre commerce pour assurer la marche de ses affaires et distribuer un dividende aux actions. Ce dividende, arrêté à la somme fixe de 150 livres par titre, nécessitait une somme annuelle de 8.400.000 livres : il était prélevé, non sur les bénéfices commerciaux, mais sur le produit du privilège exclusif de la vente du tabac. Au taux primitif des actions, cette somme formait un revenu net de 7 ½ %. Il pouvait être versé en outre aux actionnaires une part variable proportionnelle aux bénéfices commerciaux réalisés ; cette part ne fut jamais distribuée, mais l’autre le fut très exactement jusqu’en 1739.

L’arrêt du 24 mars avait placé à la tête de la Compagnie un Conseil dit « Conseil des Indes », qui se composait d’un chef, d’un président et de vingt conseillers. Aucune part n’était faite aux actionnaires, « vu la difficulté de prendre des délibérations dans une assemblée aussi nombreuse et le peu de connaissances qu’ont le plus grand nombre des actionnaires en matière de commerce. »

Mais tel n’était pas leur sentiment, et il y eut de si vives protestations que, cinq mois après, sans que l’expérience du nouveau conseil ait pu être faite, le roi jugea indispensable d’établir une nouvelle administration de la Compagnie et de confier la direction et la régie entière du commerce à douze directeurs que les actionnaires auraient la faculté de changer quand ils ne seraient pas contents de leur conduite, et de leur adjoindre huit syndics, qui seraient élus chaque année en assemblée générale, pour suivre avec les directeurs les détails de l’administration