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poutre le traversait de l’est à l’ouest suivant une ligne légèrement oblique. Comment l’idée d’y faire du commerce vint-elle à Dupleix ? il semble que ce fut sur l’initiative d’un négociant anglais de Calcutta, du nom dElliot. Quoi qu’il en soit, l’opération fut décidée dans le plus profond mystère entre Elliot, Dupleix et Sichtermann au cours de l’année 1738, et ils formèrent entre eux une association financière pour la réaliser. La Compagnie de France non plus que celle d’Angleterre n’y étaient pas intéressées ; Dupleix prenait à son compte tous les risques personnels comme aussi tous les bénéfices ; cependant, disait-il, « la réussite tout entière irait à la nation ». Il comptait retirer du pays beaucoup d’or, du morphil, du poivre et du salpêtre et y écouler des draps.

Mill, un Anglais résidant à Dacca, fut envoyé en éclaireur avec quelques marchandises ; il fut bientôt suivi d’un Hollandais nommé Goodingt, particulièrement désigné par Sichtermann. Mill devait avoir le tiers des bénéfices de l’entreprise et Goodingt un quinzième de ce tiers.

Nous ne savons si Mill alla jusque dans l’Assam, ni quel fut le résultat de son voyage ; nous savons seulement qu’au mois de mai suivant il était revenu à Calcutta rendre compte de sa mission et bien qu’on eut alors trouvé que les marchandises qu’il rapportait, notamment les soies, n’étaient pas toutes de bonne qualité, on décida de continuer l’expédition. Mill partit donc pour l’Assam quelque temps après avec 80.000 roupies d’effets divers dont beaucoup de bijoux. Il devait faire le voyage avec un nommé Mathews ou Mathée, chargé plus spécialement des intérêts de Dupleix, mais Mathée, plus tôt prêt, partit le premier (fin mai). Ce Mathée, dont la nationalité nous est inconnue — mais vraisemblablement c’était