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CHAPITRE X

L’affaire des roupies.


La querelle relative à la frappe des roupies éclata à la fin de 1737. Pour en apprécier l’importance, quelques explications préliminaires sont indispensables.


1. Explications préliminaires.

Les monnaies d’Europe n’ayant pas cours dans l’Inde, les Compagnies étrangères qui voulaient faire du commerce étaient obligées d’y introduire avec leurs produits toujours insuffisants pour obtenir des marchandises de retour, des lingots d’argent. Ces lingots étaient envoyés aux Monnaies des nababs ou rajas, souverains du pays, qui en déterminaient le prix d’après les usages ou les nécessités du commerce, transformés en numéraires et restitués sous cette forme à leurs propriétaires, moyennant un droit de frappe, qui constituait le bénéfice du souverain. Ce bénéfice élait de 6 à 8 %[1]. Aussi, quand les

  1. En France, à la même époque, ce bénéfice était de cinq  %. En vertu d’un tarif de 1726, les directeurs de monnaie payaient en effet le marc d’argent 46 livres 7 sous 3 deniers et le restituaient en numéraire à raison de 49 livres 2 sous. Il convenait toutefois de déduire de ce bénéfice les frais de fabrication et les déchets, qui se montaient à environ 19 sous 6 deniers par marc.

    Après 1736 et jusqu’en 1755, par l’augmentation du prix de l’ar-