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des régions où l’on n’en voulait pas et où la roupie arcate lui était non seulement préférée, mais entièrement substituée ; dans ce cas, cette dernière étant plus recherchée, il pouvait arriver que, malgré la différence de poids et de titre, elle acquît une valeur égale à celle de la roupie sicca. C’était l’affaire des changeurs. Ces gens, dira plus tard un voyageur dans l’Inde[1], ne font absolument d’autre métier que de troquer la monnaie quelconque qui leur est offerte contre celle dont on a besoin, moyennant un bénéfice nommé benta et, comme ils avaient l’art, en s’entendant, de supprimer par des accaparements alternatifs les espèces devenues nécessaires, ce benta était souvent considérable et procurait des fortunes assurées à ceux qui exerçaient ce métier, d’autant plus que le tenant de leurs pères qui s’y étaient enrichis, ils le faisaient pour la plupart avec de grands moyens. Ainsi, en dehors du poids et du titre, l’agio constituait une autre différence, plus sensible encore, entre les deux roupies.

Il existait en outre la roupie courante effective, dont on ne trouve pas la définition exacte, mais qui devait être, autant qu’on en peut juger aujourd’hui, une monnaie d’argent qui n’avait cours qu’en raison de sa valeur en métal argent, eu égard à son titre et à son poids. Les roupies à l’état de neuf, arcates ou siccas, faisaient prime, de 8 % environ pour les premières, de 14 % environ pour les secondes, tant en raison de leur poids et titre que de la sécurité que donnait à l’acquéreur leur effigie, leur bon état de conservation, et la protection des lois.

Pour la commodité des calculs, lorsqu’on engageait une affaire par simple accord et sans bourse délier, on déterminait le prix des marchandises non en roupies

  1. Yvon, aide-major des troupes du roi. Notes sur le Bengale 1789.