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matières d’argent nécessaires à notre commerce, il fut entendu que nous pourrions en porter la moitié aux Monnaies du nabab : le reste de nos transactions continuant de se faire en roupies arcates ou de Pondichéry. Toutefois ce chiffre n’était pas obligatoire ; il pouvait être moindre et en fait il fut réduit à un tiers, c’est-à-dire à peu près la somme qui nous était indispensable pour nos transactions en roupies siccas.

Cet accord nous coûta un cadeau de 50.000 roupies, il nous revenait moins cher que si Fatechem eut continué de se réserver le monopole du change à raison de 10 ½ ; car il gagnait plus à ce change que sur la conversion des matières d’argent. Seulement le maintien de ce change eut risqué, en les troublant, de paralyser le mouvement des affaires et le nabab n’avait aucun intérêt à les voir péricliter. La concession de Fatechem était inspirée par une raison économique des plus sages, sans compter qu’en pareil cas un gros bénéfice immédiat a souvent plus d’appât que des avantages plus considérables dans un avenir incertain. D’ailleurs toute cette affaire n’avait-elle pas été préparée en vue de ce résultat ?


4. Le conflit avec le Conseil supérieur.

Dumas ne fut cependant pas satisfait : il fut encore plus mécontent de n’avoir pas été consulté. Dans le courant de janvier, il avait vu passer sous ses yeux la lettre du 19 décembre adressée par Dupleix à la Compagnie, lettre dans laquelle celui-ci expliquait la situation du Bengale et le remède qu’il comptait y apporter, mais lui-même n’avait rien reçu. Dupleix s’était contenté de le renvoyer à sa correspondance avec Burat, négociateur de l’affaire, sans d’ailleurs la lui communiquer.