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Ainsi la question des rapports entre deux Conseils se trouvait de nouveau posée. Elle fut l’occasion d’une polémique assez vive, où les griefs personnels côtoient les arguments administratifs. Bien que dans la réalité les uns et les autres eussent été étroitement confondus, nous essaierons cependant de les dégager, par un exposé un peu artificiel, afin de permettre au lecteur de se rendre compte d’une façon plus nette de la valeur même du débat.


a) Griefs personnels. — Nous exposerons d’abord les griefs personnels, avec leur cortège d’accusations et de récriminations réciproques. Dumas avait été très modéré dans sa lettre du 31 mars ; il fut un peu plus acerbe le 31 mai. Il écrivit à Dupleix :

« Quelle soustraction à la subordination que vous devez, que de conclure une affaire de cette importance sans notre aveu ! Vous ne daignez même pas nous rendre compte du détail. Vous nous renvoyez à votre correspondance avec M. Burat… N’est-ce pas, en vérité, se moquer de nous ? Nous vous prions de réformer une pareille conduite à notre égard, qui nous forcerait à y apporter les remèdes qui ne vous feraient pas honneur[1]. »

La lettre du 31 mars étant conçue en termes précis mais modérés, était telle qu’un supérieur peut l’écrire à un subordonné qu’il désapprouve. Le Conseil de Chandernagor ou plutôt Dupleix ne put admettre qu’on eut été assez téméraire pour blâmer sa conduite ; il répondit sans tarder les 21 et 22 avril. Nous avons fort heureusement le texte complet de cet deux lettres dont la pre-

  1. C. P. t. 2, p. 15.