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Nous supposons assez volontiers que Vincens ne prit ni l’initiative ni la responsabilité d’une démarche aussi délicate, mais Dupleix ne cherchait en lui qu’un confident de sa mauvaise humeur plutôt qu’un messager de ses doléances qu’il n’était nullement embarrassé pour exprimer lui-même.

La lettre de Dumas du 31 mai provoqua de sa part, le 14 juin ou le 9 juillet — mais plus vraisemblablement le 14 juin — une riposte que nous nous excuserons de reproduire encore tout au long ; une analyse même très sincère n’arriverait pas à reproduire pour le lecteur, d’une façon suffisamment démonstrative, la physionomie réelle d’un conflit peu grave en lui-même, mais extraordinairement significatif pour la mise en lumière du caractère de Dupleix avec ses grandeurs et ses imperfections. Cette réponse était ainsi conçue[1] :

« Je suis aussi bien que vous très mortifié des chicanes que votre Conseil nous cherche, je sens bien que ce n’est que par contre-coup que l’on s’adresse à celui-ci, c’est à moi à qui l’on en veut particulièrement, on cherche à me dégoûter et non le bien de la Compagnie, au moins quelques personnes : on n’épargne pour en venir à bout aucun terme, l’étourderie, la folie et même la fourberie, en termes équivalents, sont employées et toutes vos lettres ne contiennent plus que des termes diffamants pour nous, les tables et les rues de Pondichéry ne retentissent plus que de ces propos indignes de nous et de ceux qui les font. Je vous le dis en ami, il est difficile d’entretenir l’amitié avec de pareils termes, et l’avis que vous me donnez est plutôt une menace qu’un conseil. Je ne changerai rien à ma conduite envers la Compagnie, elle est irréprochable et je défie toute la terre entière d’y trouver à redire,

  1. B. N. 8980, p. 131-134. Cette lettre ne porte pas de date, mais nous savons que Dupleix écrivit le 14 juin et le 9 juillet.