Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/445

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gestion des affaires que la Compagnie a bien voulu nous confier. Nous nous attendons aussi à quelque chose de fâcheux de sa part par le violent rapport que vous lui aurez fait par le vaisseau la Reine d’une affaire que vous n’avez pas voulu comprendre. Cependant il nous reste encore l’espérance de croire qu’elle ne nous condamnera pas sans nous entendre et que vous ne jouirez pas du plaisir de l’avoir prévenue contre nous d’une manière peu généreuse[1]. »

Le conflit provoqué par Dupleix ; mettait surtout en cause le Conseil supérieur, dont Dumas ne faisait que contresigner les opinions. Dupleix ne l’ignorait pas et à l’occasion il saura bien jouer de cette différence de points de vue auprès du gouverneur lui-même, mais il ne lui déplaisait pas non plus à l’occasion de s’en prendre à Dumas personnellement et c’est ce qu’il ne manqua pas de faire en la circonstance. Vincens se trouvait en ce moment à Pondichéry ; Dupleix lui écrivit le 14 mai une lettre assez curieuse et assez agressive, mais c’était une lettre privée et par conséquent excusable :

« Je serai bien aise, lui écrivait-il, que vous fassiez sentir à M. Dumas la différence de penser à mon sujet de la Compagnie avec leur façon d’agir avec nous. Le pauvre homme veut oublier les obligations qu’il nous a de sa réception de second à Pondichéry, lorsque nous avons été assez sots de nous faire ce passedroit. Il ne doit pas oublier que si j’avais voulu faire alors le mutin, il ne serait pas aujourd’hui ce qu’il est. Faites-lui donc sentir, mon cher compère, que difficilement il viendra à bout avec sa clique de me discréditer auprès de la Compagnie, qui sait mieux que lui combien je suis nécessaire ici ; je puis sans trop d’ostentation avancer cela ; ce n’est pourtant qu’à vous à qui je l’ai jamais dit[2]. »

  1. A. P. t. 5, p. 113-115.
  2. B. N.8980, p. 135.