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l’Europe ne lui permettait pas de retarder ces explications. Il écrivit le 25 octobre une lettre où, faisant la Compagnie juge de toute l’affaire, il se défendait d’avoir employé aucuns termes injurieux, outrageants ou déshonorants à l’égard du Conseil de Chandernagor. Il avait, il est vrai, désapprouvé l’achat du paravana et l’avait déjà écrit à la Compagnie, mais il l’avait écrit aussi au Bengale comme il devait le faire, sans pour cela attaquer ni même rendre suspecte la probité de personne. C’était plutôt à lui de se plaindre des expressions injurieuses dont il avait été l’objet.

Quant à Dupleix, il lui fut écrit le 7 septembre :

« Nous ne voyons pas de quelle utilité il pourrait être que nous vous donnassions des ordres, puisque vous pensez ne nous être subordonnés que d’une certaine façon, c’est-à-dire autant que vous le jugerez à propos ; d’ailleurs nous ne nous risquerons plus à vous dire notre avis sur vos opérations, puisque pour l’avoir fait dans une occasion que nous croyons très intéressante pour la Compagnie, nous nous sommes attirés une lettre outrageante, conçue en des termes auxquels nous ne sommes point accoutumés. La Compagnie nous a fait croire que nous étions vos supérieurs quant à ce qui concernait ses affaires et son service. C’est en cette qualité que nous nous sommes crus en droit de vous écrire comme elle aurait pu faire elle-même dans pareille occasion. Elle décidera qui a tort de nous deux et rendra justice à qui il appartiendra, et il n’y a point de doute qu’elle n’établisse à cet égard une règle constante et invariable, soit en vous déchargeant d’une supériorité si affligeante, ce que nous souhaitons pour votre satisfaction, soit en établissant la supériorité que le chef doit avoir sur les autres comptoirs qui lui sont subordonnés, par des ordres encore plus précis, s’il est possible, que ceux qu’elle a donnés jusqu’à présent[1]. »

  1. C. P., t. 2, p. 28.