Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

munément acquitté par les patanes et les zemindars. Ce droit était une atteinte à notre privilège et Dupleix n’avait pas voulu en entendre parler. Dans ces conditions il lui avait paru qu’au lieu de s’attacher à des revendications qui ne pouvaient être appuyées par aucun argument de force, il valait mieux transiger, en portant nos matières à la Monnaie du prince pour les transformer en espèces du pays, qui auraient cours à l’abri des fluctuations du change et de la spéculation. Sans doute il en coulerait selon l’usage un présent assez considérable, mais cela vaudrait encore mieux que les pertes que nous risquerions de courir tous les ans sur la valeur de nos roupies. Il avait en conséquence donné des instructions à Burat pour négocier l’affaire. Burat avait disputé le terrain pied à pied pendant plusieurs semaines pour faire réduire la somme demandée de 50.000 roupies ; mais décembre approchait, il fallait charger les bateaux et par degré il consentit à la donner. Bien qu’elle lui semblât exorbitante, Dupleix estima quêtant donnée une affaire très mauvaise, on en avait tiré le meilleur parti possible et qu’il convenait de s’en féliciter. Le Conseil supérieur reconnaissait lui-même que le cours des roupies arcates ne pouvait être maintenu que moyennant un présent fait au nabab. Nul doute que ce présent ne fut devenu annuel et ne se fut ainsi transformé en une sorte de droit sur les roupies arcates. Droit ou présent, il n’eut pas fait diminuer le change qui était de 8 à 10 %.

Il n’y avait eu aucun déshonneur à conclure cet accord comme paraissait le craindre le Conseil supérieur. Les autres nations avaient au contraire été surprises que nous eussions si bien terminé cette malheureuse affaire.

Le Conseil supérieur craignait que cette opération ne rendit pour ainsi dire nulle l’autorisation qu’il avait