Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/454

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obtenue de fabriquer des roupies à Pondichéry, en lui fermant le marché du Bengale. Ce n’était pas exact. Les roupies arcates pouvaient continuer à avoir cours et si le Conseil supérieur avait des doutes à cet égard, il lui suffisait, pour les faire tomber, d’envoyer seulement cette année au Bengale la moitié ou même le quart des matières en espèces, soit environ la valeur de 3 à 400.000 roupies.

Le Conseil supérieur eut désiré que celui du Bengale maintint d’autorité, par un acte de fermeté mal défini, le cours des roupies arcates. Si le Conseil entendait par là une déclaration de guerre au nabab, Dupleix en déclinait d’avance la responsabilité. Bengale n’était pas Moka. Le cours des roupies arcates dépendait de la seule volonté de Fatechem, qui venait d’obtenir le privilège exclusif de les changer en siccas ; il y avait peu de chances qu’il voulut les rétablir sur l’ancien pied. En exigeant 10 ½ sur le change des arcates en siccas, il gagnait plus que sur les matières d’argent elles-mêmes. L’intérêt de la Compagnie était donc en réalité de porter à la monnaie de Mourchidabad le plus de matières qu’il serait possible. En limitant à la moitié ou même au quart l’apport de ces matières, Dupleix savait que cette quantité ne serait pas suffisante pour contenter les marchands.

Quant à faire donner des ordres par Nizam pour imposer le cours de nos roupies, le nabab de Mourchidabad avait déjà pris ses précautions pour n’en tenir aucun compte. Il s’était muni d’une déclaration des essayeurs comme quoi les roupies arcates et madras n’étaient que du titre des piastres. Avec cette pièce, il pouvait proscrire toutes les monnaies étrangères et cette mesure était à craindre.

Dupleix se justifiait ensuite de n’avoir ni provoqué ni