Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même gouverneur, Dupleix écrivit au Conseil de Chandernagor le 1er avril 1754 : « Nous n’ignorons pas les mauvaises manœuvres et la lenteur des officiers du tancassal de Mourchidabad ; s’il était possible de se dispenser d’y envoyer des matières, il en résulterait un grand bien pour la Compagnie[1]. »

Ainsi se termina l’affaire des roupies. Elle ne saurait prendre place dans les pages les plus émouvantes de l’histoire, mais nous ne racontons pas pour le moment une période de grands événements. Les hommes illustres ne prennent pas toujours part à des événements extraordinaires ; même pour eux, les affaires communes sont les plus coutumières. L’affaire des roupies, qui suscita surtout beaucoup d’écritures, n’a d’importance réelle que par la valeur des personnages qui s’y trouvèrent engagés. Ils y apportèrent tous deux leur caractère ou leurs passions ; il ne nous appartient pas de dire si ces passions les grandissent ou les diminuent. Ce sont des jugements qu’il faut réserver pour des affaires plus graves. Mais s’il ne s’agissait ni de Dupleix ni de Dumas, l’histoire serait obligée de dire que si le gouverneur de Pondichéry se trompa sur le fond même du débat, il eut raison de défendre ses prérogatives, qui étaient d’ordre gouvernemental et que la Compagnie fut d’une bienveillance excessive en encourageant pour ainsi dire l’insubordination manifeste et les impertinences préméditées du directeur du Bengale.


  1. C. P., t. 3, p. 223.