Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/508

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habilement répartis ; dans l’occurrence il oublia critiques et principes. Il savait que l’on arrive rarement aux plus hautes situations par son seul mérite et que les fonctionnaires qui par pudeur ou timidité ne font pas valoir leurs qualités sont généralement sacrifiés. Or Dupleix avait conscience de sa valeur et n’entendait pas être oublié, dut-il parler d’or pour être écouté. Ce langage n’est pas toujours incompris ; tel refuserait avec indignation la moindre monnaie qui accepte un bibelot sans hésiter. Ce sont de ces riens auxquels nul ne prend garde et qui, suivant l’expression courante, entretiennent l’amitié. Dupleix très éloigné de France ne pouvait espérer, même avec l’appui de son frère, se faire comprendre des ministres et des directeurs de la Compagnie par un simple exposé de ses services ; eut-il tort de chercher à se concilier leur faveur en leur envoyant à diverses reprises quelques curiosités de l’Inde ou des pays voisins, notamment des étoffes et des friandises ? C’est le domaine de l’absolu ; nous n’y entrerons pas.


Le sort récompense quelquefois la patience et la ténacité. Au début de 1739, Dumas demanda secrètement son rappel et en informa Dupleix à l’automne, en le considérant comme son remplaçant probable. D’après Dupleix, Dumas n’aurait demandé à rentrer que pour céder aux désirs ou même aux persécutions de sa femme qui s’ennuyait dans son pays natal où l’on n’est jamais prophète. La vérité est que le gouverneur de Pondichéry ayant fait fortune, voulait rentrer en France pour des motifs exactement opposés à ceux qui obligeaient le directeur du Bengale à rester dans l’Inde ; il ne prévoyait pas alors la gloire qui allait s’attacher à son nom pour sa belle attitude à l’égard des Marates en 1740