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ni la fortune nouvelle qui devait rehausser son crédit.

Dupleix accueillit cette nouvelle avec une indifférence apparente ; pour gagner de l’argent, Chandernagor valait mieux que Pondichéry. Il écrivit néanmoins à son frère d’intervenir en haut lieu pour lui assurer la succession.

« Dumas, ajoutait-il, compte que ce sera moi qui le relèverai. Si la chose arrive, il la faudra recevoir ; mais en vérité je ne le souhaite pas et au titre près, je suis bien mieux ici. J’y aurai toujours une satisfaction que je ne puis m’attendre d’avoir à Pondichéry. Ceci est mon enfant, je l’ai formé, je l’ai fait ce qu’il est et là tout est fait ; il n’est pas possible de faire davantage à moins de tromper la Compagnie. Enfin, mon cher ami, il en sera ce qu’il plaira à la Providence de décider, mes pertes considérables me forcent de plier le col à tout[1]. »

Lorsque les lettres de Dupleix arrivèrent en France, il était déjà gouverneur désigné par la Compagnie depuis le 30 décembre 1739 et par le roi depuis le 1er janvier 1740. Les nouvelles en arrivèrent dans l’Inde le 21 juillet suivant, mais pour des convenances personnelles à Dumas que la Compagnie espérait encore retenir dans l’Inde, les ordres officiels partirent beaucoup plus tard et ne furent rendus exécutoires que dans l’été de 1741.


Entre ces dates extrêmes, un événement grave était survenu dans la vie de Dupleix ; il s’était marié. Depuis le jour déjà lointain où, venant d’arriver à Chandernagor, il avait successivement envisagé puis repoussé toute idée de mariage, il semble qu’il n’ait pas désiré même un instant renoncer au célibat. Son frère ayant, on ne sait pour quel motif, paru concevoir quelque crainte qu’il

  1. Lettres du 19 novembre 1739 et 11 mars 1740.