Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/510

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ne contractât dans l’Inde une union mal assortie, il lui écrivait encore le 4 décembre 1738 qu’il pouvait se rassurer : il résistait depuis 18 ans sans avoir succombé ; l’âge qui venait au grand galop devait lui être un sûr garant de ce qui se passerait par la suite.

Il se passa, malheureusement, ce qu’il ne prévoyait ni ne désirait pas. Vincens mourut presque subitement le 26 septembre 1739, onze jours seulement après être revenu de Djedda où il était allé comme subrécargue après son retour de France. Dupleix fut douloureusement affecté de cette mort et il en fit part comme d’un deuil de famille à presque tous ses correspondants. D’après lui les chagrins qu’avait causés à son ami son voyage en France et quelques ennuis éprouvés tant à Pondichéry qu’à Madras[1] en revenant de Djedda, étaient la seule cause de sa mort ; étant encore à Madras, il avait écrit qu’il ne rentrait que pour embrasser sa famille et mourir ; ses pressentiments ne l’avaient pas trompé.

Dupleix écrivit avec quelque courage que la mort de Vincens ne serait pas sans doute pour déplaire à certains directeurs, qui se trouveraient ainsi débarrassés d’un solliciteur importun, dont l’existence était pour eux comme un remords ; mais n’avaient-ils pas un moyen de racheter pour ainsi dire leur ingratitude ! Vincens laissait entre autres enfants un fils qui était employé à Paris dans les bureaux du ministre Maurepas. Madame Vincens, après la mort de son mari, avait écrit à la Compagnie pour la prier de le prendre à son service ; Dupleix joignit ses prières aux siennes, en demandant qu’il fut nommé

  1. Ces ennuis paraissent avoir été des ennuis purement domestiques. On sait que la fille aînée de Vincens avait épousé M. de Barneval, habitant Madras et que ce mariage n’avait pas été heureux.