senti ! Dupleix savait qu’il est imprudent de provoquer même avec les meilleures intentions des plaintes qu’on ne sait plus arrêter ; mais il écoutait sans parti pris et avec beaucoup d’attention toutes celles qui lui parvenaient ; il était là, disait-il, pour recevoir les doléances vraies ou fausses des gens se croyant victimes d’une injustice. Son devoir était de débrouiller l’affaire ; s’il n’y pouvait parvenir avec ses seules lumières, il consultait les anciens, les chefs et s’entourait de tous les renseignements nécessaires pour la bien terminer. Convaincu qu’on gouverne mieux les hommes par de bons exemples que par des idées abstraites, il imposait à ses collaborateurs, chefs de comptoirs, l’obligation de ne pas considérer les indigènes placés sous leur contrôle comme un vil bétail, qu’on pouvait arbitrairement malmener au gré de ses convenances ou de prétendues nécessités ; il leur recommanda toujours de ne jamais les poursuivre et de ne pas les arrêter en dehors de toute légalité. Il parvint ainsi, en dehors de ses fonctions, à acquérir sur les Indiens une autorité qui pour être moins brutale n’en était que plus aisément acceptée.
Tous ses actes, toutes ses pensées concouraient en réalité chez lui à rechercher les meilleures formules de gouverner les hommes pour lui permettre à lui-même de réaliser plus facilement le rêve qu’il avait caressé dès son arrivée dans l’Inde, c’est-à-dire faire fortune et devenir gouverneur de Pondichéry. Lenoir et Dumas avaient assez illustré la fonction pour qu’il ne crût pas déchoir en la remplissant à son tour. Que pour parvenir au premier rang, Dupleix n’ait pas eu confiance en ses seuls mérites, qu’il ait eu recours à l’intrigue et même à la séduction, cela est certain, mais l’or contient toujours des scories qu’il élimine en se précipitant dans le creuset. On