Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/101

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bet j. La mort de Gaziudin kh., la paix faite avec Balagirao nous fournissaient la plus belle occasion de le faire avec honneur et les troubles de la province d’Arcate où les Maures refusaient de marcher nous en offraient un prétexte très plausible. Toutes mes représentations ont été inutiles. M. Dupleix ne voyant les choses que de loin et jugeant que pour l’exécution de ses projets il était absolument nécessaire d’entretenir des troupes auprès du soubab sans vouloir entendre que la chose devenait impossible, rien n’a pu le faire revenir de cette idée. J’ai prévu les suites funestes du parti qu’il prenait et je les lui ai annoncées, mais tout ce que j’ai pu lui écrire de plus fort n’a fait aucune impression sur lui. Les fatigues d’une campagne de deux ans, les inquiétudes que m’ont causées les circonstances critiques où je me suis trouvé plusieurs fois ayant altéré ma santé, j’ai enfin succombé au chagrin que j’ai ressenti en prévoyant le dénouement fâcheux qu’aurait infailliblement une expédition dont j’ose me flatter de m’être tiré jusqu’alors avec assez d’honneur. Quoique ma vie ait couru quelques risques dans ma dernière maladie, je vous avoue que je ne fus pas fâché d’un accident qui me fournissait un prétexte honnête de quitter l’armée et de me rendre à Pondichéry, persuadé que si je pouvais avoir un entretien avec M. Dupleix, je lui ferais sentir la nécessité de prendre le seul parti convenable. Cette espérance, bien plus que les remèdes, contribua au rétablissement de ma santé malgré la fatigue d’une longue route. Il s’en fallait pourtant beaucoup qu’elle ne fût en bon état quand je suis arrivé à Mazulipatam et vous en avez été témoin. Je n’attendais qu’une occasion de me rendre promptement à Pondichéry, mais la façon dont M. Dupleix a pris ma retraite et les lettres que je vous ai communiquées m’ont autant surpris qu’affligé. Il me donne enfin à entendre par sa dernière qu’il est absolument nécessaire que je retourne à l’armée où il s’imagine que ma présence remédiera à tout et que je ne puis me dispenser de le faire sans sacrifier à mes intérêts personnels ceux de la Compagnie et l’honneur de la Nation. Vous comprendrez qu’il est