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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/100

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l’avoir consolidée, l’œuvre à laquelle son nom était attaché ; après les fautes commises par Goupil c’eut été une désertion. Il retourna donc à l’armée comme un soldat va au feu, par devoir et par nécessité. Toutefois, à peine avait-il dit adieu à Moracin qu’il lui écrivit une longue lettre datée de Gontour, 28 mai, dans laquelle il lui rappelait toutes les observations qu’il avait présentées à Dupleix en faveur de l’abandon du Décan et les évoquait moins comme des souvenirs que comme des arguments en vue de dégager ou d’atténuer sa responsabilité, s’il rencontrait des obstacles qu’il ne pourrait surmonter. Il se doutait bien que cette lettre serait communiquée à Dupleix.

« Me voilà enfin parti, disait-il, et vous n’ignorez pas combien j’ai eu de peine à m’y résoudre, quand je vous dirai que les politesses dont vous m’avez comblé et les agréments de votre société qui m’ont fait passer deux mois le plus gracieusement du monde dans l’endroit de la terre le plus désagréable, sont cause que je quitte à regret Mazulipatam ; vous n’en pouvez douter pour peu que vous me rendiez justice et que vous soyez persuadé de ma sincère amitié. Mais si je vous disais que c’est la seule raison qui me fait entreprendre avec une extrême répugnance le voyage que je vais faire, peut-être ne le croirez vous pas si facilement et vous n’auriez pas tort ; aussi ne pensé-je pas à vous faire un compliment aussi fade qu’incroyable.

« Je vous ai parlé à cœur ouvert et vous êtes trop instruit de l’état des choses pour ne pas sentir tout le désagrément de la commission dont je me trouve chargé. Votre zèle pour le service et les intérêts de la Compagnie et votre dévouement à M. Dupleix sont trop connus pour que j’aie cru devoir rien vous cacher. Je vous l’ai dit et mes lettres en font foi que depuis près d’un an je ne cesse de représenter à M. Dupleix qu’il était temps de songer à retirer les troupes qui sont auprès de Sala-