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le moment à revenir dans cette ville, afin d’échapper aux négociations, dont il prévoit qu’il ne se tirera pas à son avantage. Bussy se flatte néanmoins de l’y amener et de prendre avec lui des arrangements qui nous conviendront. Dans ce but il compte lui proposer ou de charger les banquiers d’assurer chaque mois la paie de nos troupes ou de nous donner une nouvelle province, dont nous percevrons nous-mêmes les revenus.

Si Mir Mohamed accepte ces propositions, 100 blancs et 1.000 cipayes iront immédiatement occuper Ellore, Rajamandry et Ghicacole qui sont à notre convenance et l’on en remettra l’administration à Moracin. S’il les rejette, Bussy prendra un parti plus énergique encore ; il s’emparera du gouvernement d’Haïderabad et y changera à son gré les écrivains et officiers de justice. « C’est à quoi, dit-il, je ne trouverai aucun obstacle… j’ai les personnes qui se chargent d’exécuter ce projet… Si tout cela vous paraît difficile, pour moi qui suis sur les lieux, qui connais à fond le fort et le faible de la nation maure, je vous engage ma parole que je suis prêt à l’exécuter, pourvu toutefois que je sois aidé de quelque argent comptant… Il faut que vous vous persuadiez que le nabab n’a pas ce qu’on appelle de quoi vivre. »

Ce parti un peu violent peut avoir des inconvénients ; mais si c’est un mal c’est un mal nécessaire. Ayant à traiter avec une nation fourbe et dissimulée, il faut absolument ou la dominer avec hauteur ou consentir à être sa dupe. Il n’y a pas de milieu.

Le soubab ne comptant pour ainsi dire pas, que feront les seigneurs maures, que peuvent-ils faire ? Ils nous craignent et il sera toujours facile de les contenir en faisant alliance avec Balagirao et les Marates, encore que ce parti ne doive être pris qu’à la dernière extrémité. Les Marates n’ont cessé d’accroître leur autorité et leurs domaines depuis le jour où Nizam oul Moulk les a invités à envahir son propre pays, afin d’avoir des