Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/111

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tures présentes ? Pour Bussy, il n’y a pas à délibérer. Il ne suppose pas que Dupleix veuille retirer ses troupes. L’honneur de la nation et les intérêts de la Compagnie lui sont trop chers pour qu’il veuille s’arrêter en si beau chemin. « Il faut donc conserver le Décan ; vous en sentez la nécessité… et si j’ai paru quelquefois d’un sentiment contraire, vous en avez vu les raisons dans mes lettres. » Le point est d’y entretenir une armée et de la faire subsister, malgré la disette d’argent. La difficulté n’est pas de rester auprès du nabab, mais de faire subsister cette armée. Bussy pense y parvenir par des négociations, dont il fixe la durée à quatre ou cinq mois, mais pendant ce temps, il faut qu’on lui donne tout l’argent nécessaire, dût-on recourir momentanément aux fonds de la Compagnie. Outre que celle-ci les récupérera à l’issue des négociations, elle a tout avantage à l’heure actuelle à ne pas se désintéresser de la partie.

Bussy développe ensuite les moyens par lesquels il espère réussir. « Il n’est pas douteux, écrit-il, que si l’on peut parvenir à assurer la paie de l’armée par la douceur et par voie d’insinuation, il ne faille prendre ce parti préférablement à tout autre, mais il faut convenir qu’on n’est pas toujours le maître de se contenir dans les bornes de la douceur, qu’on est même quelquefois obligé de laisser échapper quelque trait de vivacité, quand on a à traiter avec une nation rusée, dissimulée, à qui le mensonge est familier, promettant sans cesse ce qu’on n’a pas dessein d’accorder, qui par ses lenteurs affectées met à bout la patience des négociateurs les plus flegmatiques. »

Malheureusement le soubab avec qui l’on pourrait s’entendre est loin. En se retirant à Aurengabad, son ministre a laissé avec le gros de nos troupes un seigneur maure, chargé du recouvrement des tributs avec le concours des Français. C’est avec lui qu’il faut négocier avant d’aller plus loin. Ce seigneur, nommé Mir Mohamed Oussen kh., intendant d’Haïderabad, hésite pour