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bien me touche autant que si c’était moi-même qui le lit. Continuez donc, mon cher Bussy, où je vous vois et rendez-vous assez de justice pour croire que vous ne pourrez abandonner cette partie jusqu’à ce qu’elle ne soit bien affermie. »

Prévoyant pourtant qu’un jour ou l’autre Bussy serait obligé d’abandonner l’armée, soit par lassitude, soit par maladie, soit pour toute autre cause, Dupleix le laissa libre de chercher ou de former lui-même un successeur. Comme autre marque de confiance, il l’autorisa à ouvrir toutes les lettres qui lui seraient envoyées du Décan et de se servir de son cachet pour y répondre ; il lui promit aussi de ne rien écrire aux ministres et même au soubab qui ne passât d’abord sous ses yeux.

Sur le fond même des propositions qui lui étaient soumises, même celles relatives à Surate, Dupleix se déclarait en plein accord avec Bussy et ne présentait que des observations de détail sans grande importance. « Je vois avec plaisir que vous devenez tous les jours un délié politique et que vous connaissez au parfait celle des Maures qui n’est qu’un tissu de fourberies et avec lesquels la bonne foi est inutile. »

Ce rapport qui marque le rétablissement de l’entente pleine, entière, absolue et sans réserve entre Dupleix et Bussy, fut suivi peu de jours après (29 juillet) d’un second mémoire où Bussy essayait d’exposer les moyens pratiques de terminer définitivement les guerres des Français dans l’Inde.

Pour juger sainement des choses, expliquait-il, il faut se dépouiller des idées européennes, où la monarchie est un gouvernement régulier et bien assorti dans toutes ses parties et où tous les membres concourent à l’intérêt général. Ces idées sont inconnues dans l’Inde où on les considère admirables dans la